La métaphore narrative en thérapie familiale

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Traduction de Pierre Nassif, Août 2014, à partir de l'article original "The narrative metaphore in family therapy".


Chapitre 17

Extrait du livre

"Thérapie familiale. Exploration des passés, présent et futurs possibles du domaine"

Edité par David Denborough (2001, Dulwich Centre Publications)

La métaphore narrative en thérapie familiale

Un entretien avec

Michael White

Michael White vit et travaille à Adélaïde (Australie du Sud) et il est connu dans le domaine de la thérapie familiale pour avoir exploré la métaphore narrative comme moyen thérapeutique. Ces recherches ont été menées en collaboration avec David Epston qui vit à Auckland (Nouvelle-Zélande). Cet entretien s’est tenu à Adélaïde.


Peut-être pourrais-je commencer par vous demander ce que sont, selon vous, les éléments-clés constitutifs de ce que l’on entend par thérapie familiale ?

La thérapie familiale est un domaine qui change constamment, incorporant au cours de sa grande histoire des idées nouvelles et diversifiées et développant des pratiques innovantes. Un certain nombre d’idées majeures en thérapie familiale se retrouvent sans doute dans beaucoup d’écoles ou de traditions de pensées et de pratiques. Ainsi depuis ses tous débuts, dans son essence même, la thérapie familiale s’intéresse-t-elle à la manière dont la vie des gens prend forme à partir des relations familiales. Cette idée présuppose que l’identité se constitue dans la relation avec les autres au lieu d’être une entité dérivée de la nature humaine, quelque soit le contenu que l’on donne à ce terme de nature humaine. Au cours du temps, la définition du mot famille s’est étendue, désignant tant la famille d’origine que la famille imposée ou la famille choisie. D’ailleurs, on accorde de plus en plus d’intérêt aux recherches construites autour de l’idée que la famille d’aujourd’hui est en elle-même un phénomène historique et culturel particulier, indépendamment de sa forme.

Quant à la conception selon laquelle les problèmes des personnes sont à considérer dans le contexte plus vaste de leur propre vie, elle est fondatrice également. Plutôt que de localiser les problèmes à l’intérieur des personnes, les thérapeutes familiaux cherchent à déterminer les liens entre les problèmes que ces personnes vivent et le contexte plus général de leur vie, y compris leur famille et les nombreuses autres institutions de la société.

Une troisième idée fondatrice consiste à rencontrer les familles (ou d’autres réseaux et communautés de personnes) pour examiner les problèmes de leurs vies. Il est très important que les personnes renégocient leur identité dans le cadre de leurs interactions mutuelles. Toutes ces traditions qui guident les investigations menées dans le cadre de la thérapie familiale me parlent fortement et elles ont influencé ma pensée et ma pratique.

En dehors de ces idées générales, différents développements particuliers se sont produits dans ce domaine, qui me paraissent très importants. Ainsi, la conception, provenant principalement des travaux du groupe de Milan, selon laquelle le geste thérapeutique consiste à poser des questions. Je me souviens encore du jour où j’ai lu leur article de 1980, qui est devenu une référence depuis. C’était comme si je vivais un changement climatique. Je crois que leur contribution au domaine de la thérapie familiale fut d’une grande portée.

Je voudrais signaler aussi certaines traditions relativement consensuelles dans le domaine de la thérapie familiale et qui caractérisent, en quelque sorte, ce travail thérapeutique. Par exemple les échanges d’idées autour de la pratique, consécutives à la projection de vidéos de conversations thérapeutiques, attestent d’une certaine volonté de transparence : c’est d’ailleurs un engagement assez général. Il se manifeste de même lorsque des thérapeutes familiaux assurent des entretiens publics avec des familles, se disposant ainsi à accueillir les commentaires et réactions d’autres thérapeutes et d’étudiants. Cette tradition de transparence s’est traduite non seulement par un esprit d’ouverture, mais aussi d’émulation et de créativité qui étaient, je crois, d’une grande importance.


Vous avez exprimé tout à l’heure votre conviction que le domaine de la thérapie familiale changeait en permanence. Pouvez-vous donner un exemple ?

Un changement qui vient immédiatement à l’esprit est le résultat produit par l’influence du féminisme sur la thérapie familiale. Le féminisme est peut-être le progrès social le plus extraordinaire de ces dernières décennies et je crois que son influence sur la thérapie familiale fut considérable. Je crois qu’il s’agit d’un phénomène gigantesque, dont on n’a pas encore fini de mesurer les conséquences. Je sais qu’à propos des idées féministes un retour en arrière s’est produit, mais malgré cela, les turbulences se propagent toujours plus largement. Notre manière de penser et d’agir a été considérablement modifiée par le féminisme et elle continue à l’être.

De nombreuses personnes ont contribué à ce développement au sein du domaine de la thérapie familiale. Parmi elles : Olga Silversein, Betty Carter, Peggy Papp, Marianne Walters (le Projet des Femmes de l’Institut Ackerman), Rachel Hase-Mustin, Monica McGoldrick et de nombreuses autres. En Australie, l’effet du féminisme sur la forme de la thérapie familiale fut particulièrement profond durant la première moitié des années 1980. Durant les années 1980, le lancement des « Rencontres des Femmes et de la Thérapie Familiale », réservées aux femmes et précédant les Conférences Annuelles Australienne et Néo-zélandaise de la Thérapie Familiale, furent un important jalon de ce développement. Lui est associée l’action de femmes telles que Kerry James et d’autres qui ont attiré l’attention de la communauté australienne de la thérapie familiale sur la politique et les relations de pouvoir liées au genre. Elles poursuivent leur action. Plus récemment, dans notre partie du monde, le Centre Familial de Wellington en Nouvelle-Zélande a modifié en profondeur les idées dans le domaine de la thérapie familiale au sujet des questions culturelles et de la vie en commun avec des personnes différentes.


Puis-je vous interroger au sujet de l’évolution de la métaphore narrative dans votre travail thérapeutique ?

J’ai commencé à m’intéresser à la métaphore narrative en relation avec la pratique thérapeutique lorsque j’examinais certaines idées de Gregory Bateson, notamment celles qui concernent « les limitations nées de la répétition des interactions ». Son idée était que nous portons en nous un réseau de présuppositions qui détermine les évènements du monde auxquels nous réagissons. Il a souligné le soin extrême avec lequel nous choisissons les évènements de nos vies auxquels nous donnons un sens et que nous conservons par la suite. Il a décrit ensuite la manière dont notre réseau de présuppositions alimente ce processus de sélection. L’expression exacte utilisée par Bateson est celle de « restrictions » de la « redondance », pour expliquer la manière dont ces restrictions contribuaient à modeler la description des évènements, à partir de mots, de formes et d’images. Cette idée se poursuit par la manière dont ces mots, ces formes et ces images deviennent une histoire à la faveur de nos efforts pour justifier leur utilisation.

Je me suis intensément plongé dans les idées de Bateson au début des années 1980. A la fin de ces années, j’ai commencé à tisser des liens plus explicites avec la métaphore narrative. Je le dois en partie aux encouragements que me prodiguait Cheryl White à donner une place prépondérante à cette métaphore dans mon travail. Je la voyais plongée dans la lecture de textes féministes et cela m’influençait également. Cet intérêt pour la métaphore narrative provenait également de ma collaboration avec David Epston. C’était une période enivrante. Nous étions constamment au téléphone David et moi, faisant voyager au dessus de la mer de Tasmanie les messages que nous échangions au sujet des familles qui nous consultaient.

Parmi les thèmes qui nous amenaient à regarder de près la métaphore narrative (ou l’analogie avec les histoires racontées), figure la manière dont elle permettait d’attribuer davantage d’importance et de signification aux dimensions du temps et des enchaînements, que ce soit dans notre réflexion ou dans notre pratique. La métaphore narrative introduit ce que l’on qualifie souvent de dimension temporelle. Elle nous encourage à mettre l’accent sur les différentes manières dont s’y prennent généralement les personnes pour ordonner les circonstances de leur vie dans le temps, ou pour les relater en adoptant successivement différents points de vue. De cette manière, la métaphore narrative est moins statique que la métaphore de la redondance, que j’avais trouvée fort intéressante dans le travail de Gregory Bateson.


Que pouvez-vous dire des possibilités offertes par cette métaphore narrative ou par cette analogie avec les histoires racontées ?

Lorsque les personnes consultent un thérapeute, elles racontent des histoires. Elles ne se contentent pas d’arriver, de s’asseoir et de dire : « dépression ». Elles disent plutôt : « Je me suis senti déprimé ces derniers temps et cela s’est aggravé. Si je me remémore les trois ou quatre dernières années, je peux situer certains évènements qui y ont contribué. Je voudrais vous en parler... » Les gens s’expriment très précisément sur l’ordre dans lequel ces épisodes de leur vie s’enchaînent. En ce qui concerne le calendrier, ils sont également très précis. Un couple pourrait dire : « Donc, cela nous ramène à trois mois en arrière. C’est alors que nous avons eu une autre crise dans notre relation, cela s’est passé en mai ou juin. En réalité, c’était début juin. Nous sommes en septembre et nous voudrions vous dire où en est notre relation à l’heure actuelle ». La métaphore narrative m’a convaincu de m’intéresser plus soigneusement à cette dimension temporelle de la vie des gens et au rôle que cette manière de raconter les évènements jouait dans leur perception de l’évolution des problèmes pour lesquels ils venaient en consultation.

Les histoires que les gens racontent au sujet de leurs vies prennent tournure à partir de thèmes particuliers, tels la perte ou la tragédie et ainsi de suite. Ces thèmes s’expriment selon une ligne historique et ils mettent en jeu de nombreuses composantes du récit de ces personnes. Leur position par rapport à ce qu’ils identifient comme étant les problèmes de leur vie est fortement influencée par ces thèmes. C’est la métaphore narrative qui fournit matière à des considérations de ce type. Elle m’a permis de développer une réflexion plus vaste sur les problèmes que les gens proposent en thérapie. C’est à la suite de cette réflexion que je me suis mis à explorer plus explicitement les différentes composantes d’une histoire. C’est alors que j’ai aussi engagé une recherche sur un moyen plus abouti pour amener les personnes à repérer, lors de leurs conversations, certains des évènements les plus négligés de leur vie et à leur donner une signification. Cela permettrait d’insérer ces évènements dans un scénario alternatif qui fournirait des ouvertures à leur histoire de vie, laquelle serait, sans cela, saturée par le problème.

D’opter ainsi pour la métaphore narrative dans le développement de la pratique thérapeutique, cela nous invite à réfléchir sur la manière dont nous pouvons encourager les personnes à faire ce qu’elles font habituellement, à savoir de bâtir un scénario à partir des évènements de leur vie, mais cette fois en prenant les plus négligés d’entre eux. Cela rend possible des développements ultérieurs de pratiques thérapeutiques, déplaçant le thérapeute hors du centre pour y placer les aptitudes à construire un sens que possèdent les personnes qui nous consultent. C’est ce qui m’a fortement attiré vers la métaphore narrative.


Y a-t-il d’autres choses dans la métaphore narrative qui vous ont attiré ?

Je pense souvent aux nombreux parallèles existant entre de réelles aptitudes thérapeutiques et des aptitudes littéraires possédant quelque mérite. Les bons écrivains ont leur manière de mobiliser l’imagination du lecteur autour de l’expérience vécue et de l’inviter à rejoindre de nouveaux territoires de la vie. Il y a quelque chose dans la structure du texte des récits bien formés qui requiert du lecteur un certain exercice. La ligne de l’intrigue n’est pas complètement dévoilée et le lecteur doit en combler de nombreuses lacunes pour demeurer en prise avec le texte. Dans les textes bien formés, ces lacunes ne sont ni trop importantes, sinon elles en viendraient à frustrer ou à incommoder le lecteur, ni ténues, sinon elles l’ennuierait. La lecture de ces textes possédant quelque mérite littéraire ne fait pas qu’exercer le lecteur, mais elle l’implique également.

Il existe d’autres incomplétudes, également présentes à l’intérieur des textes bien formés. Les bons écrivains favorisent la formation par les lecteurs de leurs propres conclusions au sujet des différents personnages de l’histoire : leurs prédispositions, leurs intentions, leurs attributs, leurs traits de caractère, et ainsi de suite. Cela génère des présuppositions qui relient le lecteur très intensément au texte. En tant que thérapeute, je trouve que ma tâche est similaire, en quelque sorte. Au sein de conversations thérapeutiques, je trouve que cela fait partie de mon travail de construire un échafaudage, à partir de mes questions, qui exerce et implique les familles qui me consultent, et qui leur permettent de s’aventurer à l’intérieur des territoires de leurs vies qu’elles ont le moins explorés.


Pourriez-vous éventuellement donner un exemple de la manière dont cela intervient lors d’une conversation thérapeutique ou dont fonctionnent ces conversations thérapeutiques en échafaudage ?

Je pourrais citer une rencontre avec une famille en lutte contre un problème considéré comme chronique et insoluble. Ayant exploré certains des effets de ce problème sur les vies des membres de la famille et sur les relations qu’ils entretiennent entre eux, je découvre invariablement qu’ils ont déjà entrepris des démarches qu’on n’aurait pas pu prévoir et qui se situent en dehors des territoires de leur vie que le problème a envahis. Parvenu à ce stade, je me retrouve habituellement en train de me demander quelle sorte de question pourrait aider les membres de la famille à donner du sens à ces démarches, quelle sorte de question pourrait créer les conditions qui leur permettraient d’attribuer un sens aux évènements considérés. Je poserais des questions telles que : « Est-ce que cela correspond à ce que TDAH* a planifié pour la vie de James ? Ou cela correspond-il à autre chose ? Qu’en penses-tu James ? Faisais-tu alors ce que TDAH te demandait de faire ou s’agissait-il d’autre chose ? Examinons ce que TDAH a entrepris de faire de ta vie et regardons si tes actes sont en accord avec son plan. » Lorsque nous réalisons que tel évènement ou tel autre n’est pas cohérent avec le scénario dominant, alors les membres de la famille peuvent être encouragés à attribuer un sens à ces évènements alternatifs. Des questions supplémentaires peuvent aider les membres de la famille à y arriver. Je pourrais dire : « Si nous devions donner un nom à ces démarches et si elles correspondent à quelque autre thématique de votre vie qui soit distincte de celle qui relève du problème, comment l’appellerions-nous ? Quelles possibilités cette nouvelle thématique pourrait potentiellement apporter dans vos vies et dans vos relations ? Quelle position prenez-vous par rapport à ce développement ? Par exemple, comment cela se passe-t-il pour vous et comment ressentez-vous les choses ?

Les membres de la famille considèrent systématiquement de telles étapes comme autant de développements positifs, de sorte que je peux alors les interroger sur les raisons pour lesquelles ils en jugent ainsi. Ces questions leur fournissent l’opportunité de parler des intentions qu’ils forment pour leurs vies, ce qu’ils ont rarement mis en mot, à supposer qu’ils ne l’aient jamais fait. En ayant ce type de conversation sur leurs intentions, les membres de la famille nomment souvent pour la première fois ce à quoi ils les associent : leurs rêves particuliers, leurs aspirations, leurs désirs ardents, leurs engagements, leur vision, … Cette investigation prend forme autour de questions qui contribuent toutes à fournir aux membres de la famille le moyen de remplir ces étapes de sens. A partir de là, ce qui m’intéresse c’est d’écouter comment ils ont ouvert la voie à ces étapes : « Que sont les fondements qui les ont rendu possibles ? Qu’est-ce qui les a précédées et leur a permis de prendre naissance ? Je devine qu’elles ne sont pas sorties de nulle part. Seriez-vous donc d’accord pour parler de ce qui leur a ouvert la voie ? » Et ainsi de suite. Nous pourrions ensuite réfléchir sur ces étapes et sur ce qu’elles expriment au sujet des buts, intentions, espoirs, valeurs et qualités personnelles des membres de la famille.

Les questions que j’ai évoquées ici ne sont que des exemples limités de ce à quoi je pense lorsque je parle de « questions en échafaudage ». La première fois que ce vocable m’a traversé l’esprit, c’était il y a environ dix ans, lorsque David Epston parlait de métaphores de construction dans la pratique thérapeutique. Toutefois, je me suis intéressé plus récemment à d’autres origines de ce terme, plus précisément dans les travaux d’écrivains qui ont été influencés par la pensée de Vygotsky.


Pourriez-vous nous dire ce qui vous fait réellement plaisir dans votre travail ?

J’aime vraiment rencontrer les familles qui viennent me consulter. Chaque famille que je rencontre est différente et se présente avec des idées exclusives pour aborder ses problèmes ; je constate d’ailleurs que je n’aurais jamais pu ni prévoir, ni imaginer la plupart de ces idées. C’est dans le contexte de ces réunions que je me trouve toujours confronté à la nécessité de repenser le travail que je suis en train de faire et d’y apporter des changements. Je constate que je dois remettre en question en permanence mes idées.

D’ailleurs j’ai toujours adoré me frotter aux idées et à l’histoire des idées : c’est un vrai plaisir. Cette quête d’idées nouvelles m’entraine vers des lectures qui sortent du domaine de la thérapie. C’est bon pour moi de ressentir que je me frotte à des idées qui m’emmènent au delà de ce à quoi je pense habituellement. Il y a toujours là matière à découverte.


Existe-t-il certains aspects de ce travail que vous trouvez moins plaisants ?

En Australie, nous avons un phénomène culturel dénommé « le syndrome du pavot trop long ». Cette expression populaire d’un usage courant se rapporte à la pratique consistant à « tailler à la bonne hauteur » la plante qui pousserait davantage que la moyenne. Le choix de cette image pour désigner ce phénomène illustre le fait que certains éléments de la communauté australienne peuvent être particulièrement sévères avec ceux parmi ses membres qui font l’objet d’une véritable reconnaissance. Il me faut admettre que ce phénomène m’a parfois malmené et qu’à certains moments, je l’ai trouvé bien pénible. Toutefois, il s’agit là d’un aspect assez marginal de mon vécu. J’ai surtout reçu de la part des thérapeutes familiaux australiens un merveilleux soutien, sur le plan personnel et professionnel, indépendamment de leur orientation et des positions qu’ils ont prises quant aux différents développements du domaine.


Pour conclure, souhaitez-vous exprimer quelque réflexion plus générale au sujet du domaine de la thérapie familiale ?

Quand je pense au domaine de la thérapie familiale, ce sont les personnes qui l’ont construite qui me viennent à l’esprit. Personnellement, j’ai bénéficié de tellement de générosité de la part de nombreuses personnalités appartenant à ce domaine. Par exemple, je pense que nombreux sont ceux qui se souviennent du rôle de Karl Tomm qui a mis à ma disposition des tribunes me permettant de partager mes travaux, notamment en Amérique du Nord dans les années 1980. Cela me fait penser à mes relations personnelles avec d’autres thérapeutes familiaux en différents lieux. Lorsque je me souviens de ces amitiés personnelles, je réalise alors à quel point est grand le nombre des personnes qui m’ont dévoilé leurs vies. De plus cela n’était pas synonyme d’adhésion. Ces personnes m’ont associé à leurs vies tout en gardant la possibilité de penser différemment. Je suis reconnaissant de ces relations faites de respect mutuel, d’amitié personnelle et de reconnaissance des différences. J’aime ces conversations « nocturnes » et tous les bons moments que nous avons passés ensemble.

Mon expérience, c’est que dans le domaine de la thérapie familiale, il est possible d’être encouragé à explorer un courant d’idées et leur implication dans la pratique. Il ne s’agit pas d’un cercle fermé. C’est ce que j’ai vraiment apprécié. Il y a des écoles particulières dans ce domaine et je reconnais qu’elles ont toutes le potentiel de contrecarrer les défauts de l’orthodoxie, mais il n’y a pour ainsi dire pas d’orthodoxie dans le domaine de la thérapie familiale. Selon moi, il s’agit là d’un fait digne d’éloges.

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