Témoin extérieur

Outsider witness

Un terme tiré des travaux de Barbara Myerhoff (1982 ; 1986), qui l'a utilisé pour souligner l'importance des réponses du public aux proclamations identitaires des gens : c'est par les réponses de « témoins extérieurs » que nos proclamations identitaires sont reconnues. C’est particulièrement important pour ceux qui sont confrontés à l'invisibilité et la marginalité :

Les cérémonies définitionnelles traitent des problèmes d'invisibilité et de marginalité ; ce sont des stratégies qui offrent à la personne des possibilités d'être vu et entendu dans ses propres mots, en recueillant des témoignages sur sa valeur, sa dignité et sa spécificité. (Myerhoff 1986, p. 267)

Michael White a développé des moyens particuliers pour orienter les réponses des témoins extérieurs :

Un élément clé des récits des témoins extérieurs est leur adhésion à une tradition de reconnaissance... Plus précisément, il ne s'agit pas de valider, de féliciter, de positiver, de se concentrer sur les points forts et les ressources, de porter des jugements moraux ou d'évaluer la vie des gens par rapport à des normes culturelles (que ces jugements et évaluations soient positifs ou négatifs), d'interpréter la vie des autres et de formuler des hypothèses, avec l'intention de résoudre les problèmes des gens, en donnant des conseils ou en présentant des histoires moralisatrices ou des sermons, en recadrant les événements de la vie des gens, en imposant des histoires alternatives sur la vie des gens, en essayant d'aider les gens dans leurs difficultés et leurs dilemmes, ou en exprimant son inquiétude pour la vie des autres. En outre, les réponses des témoins extérieurs ne sont pas tant une question d'empathie et de sympathie que de résonance, les réponses des témoins extérieurs qui sont les plus efficaces sont celles qui représentent ce à quoi les gens donnent de la valeur d'une manière qui résonne fortement pour ces personnes. (White, 2007, pp. 187-188)

Cheryl White insiste sur la responsabilité des gens d'agir aussi différemment quand ils sont témoins des histoires des autres :

De nos jours, il semble que les réponses des témoins extérieurs soient souvent très respectueuses, et même plutôt « douces » voire édulcorées, alors qu'à l'origine, elles étaient également liées à la responsabilité d'agir différemment après avoir été témoin de certaines histoires. Par exemple, lorsque Michael White travaillait avec des personnes diagnostiquées schizophrènes et que les stagiaires agissaient en tant que témoins extérieurs, ces derniers témoignaient du courage avec lequel ceux qui entendaient des voix résistaient ou contestaient les dégradations du système psychiatrique. On s'attendait à ce que ces stagiaires, des professionnels de la classe moyenne bien payés, témoins d'un tel courage et d'une telle intégrité, en tirent des enseignements et s'engagent à faire remonter des problématiques et à contribuer à la transformation du système de santé mentale, et ne laissent donc pas aux seules personnes entendant des voix le soin de faire. Les réponses des témoins extérieurs comportaient donc un lien avec les initiatives communautaires en plus de la résonance ou de la réponse personnelle. (White, 2016, p. 24)

Cf. Cérémonie définitionnelle ; Equipes écoutantes