8 pratiques très efficaces des problèmes, Foucault et une expérience personnelle : Différence entre versions

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Mon intention première pour cette lettre d'information était de m'amuser et de trouver un moyen de prolonger mes découvertes des écrits de Michel Foucault sur le pouvoir/la connaissance, la subjectivation, les discours culturels internalisés et l'auto-surveillance, sous la forme d'opinions et d'interprétations plus concrètes pour la pratique quotidienne de la thérapie narrative. La question sur laquelle j'aimerais me concentrer est la suivante : ''comment les conversations culturelles internalisées finissent par soutenir les pratiques particulièrement efficaces des problèmes''.<br/>
 
Mon intention première pour cette lettre d'information était de m'amuser et de trouver un moyen de prolonger mes découvertes des écrits de Michel Foucault sur le pouvoir/la connaissance, la subjectivation, les discours culturels internalisés et l'auto-surveillance, sous la forme d'opinions et d'interprétations plus concrètes pour la pratique quotidienne de la thérapie narrative. La question sur laquelle j'aimerais me concentrer est la suivante : ''comment les conversations culturelles internalisées finissent par soutenir les pratiques particulièrement efficaces des problèmes''.<br/>
 
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Un peu de contexte : ma fascination pour le fonctionnement propre aux pratiques conversationnelles internalisées des problèmes a commencé à la fin des années 1990 avec les femmes avec lesquelles je travaillais dans le service psychiatrique d'un hôpital pour adultes souffrant de troubles alimentaires. Situer la "voix" du problème a toujours fait partie de mon travail ; cependant, le contexte Anti-anorexie a donné une couleur très vice à la pratique.<br/>
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Un peu de contexte : ma fascination pour le fonctionnement propre aux pratiques conversationnelles internalisées des problèmes a commencé à la fin des années 1990 avec les femmes avec lesquelles je travaillais dans le centre psychiatrique d'un hôpital pour adultes souffrant de troubles alimentaires. Situer la "voix" du problème a toujours fait partie de mon travail ; cependant, le contexte Anti-anorexie a donné une couleur très vice à la pratique.<br/>
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À un certain moment de ce travail, j'ai commencé à me rendre compte que les femmes du centre utilisaient des descriptions d'un langage habituel internalisé punitif d'anorexie et de boulimie qui ''semblait presque identique'' à ce que les femmes décrivaient dans d'autres endroits du monde. Il semblait y avoir un "langage international" internalisé commun de l'anorexie.<br/>
 
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Version du 15 avril 2020 à 12:12

Traduction de Fabrice Aimetti avec l'aimable autorisation de Stephen Madigan, le 15 avril 2020.

Cet article est paru dans la lettre d'information narrative de Avril 2020 sous le titre "8 Habits of Highly Effective Problems, Foucault and - a personal reckoning."

L'étendue de ce que nous pensons et faisons est limitée par ce que nous ne remarquons pas. Et parce que nous ne remarquons pas que nous ne remarquons pas, nous ne pouvons pas faire grand chose pour changer jusqu'à ce que l'on remarque comment ne pas remarquer modèle nos pensées et nos actes. - Ronald David Laing


Town built on top of a head, by Jacek Yerka
Town built on top of a head, by Jacek Yerka

Un bon ami à moi m'a raconté une histoire amusante cette semaine, qui est très drôle. Mon ami vit en relation avec diverses valeurs que j'admire comme la compassion, l'équité, l'humour, l'humilité, pour n'en citer que quelques-unes. Et depuis plus d'une dizaine d'années, il oeuvre en tant qu'acteur clé (certains pourraient dire l'un des rares acteurs clés) dans les zones les plus pauvres du Canada avec des personnes qui, pour de nombreuses et complexes raisons, se retrouvent sans abri.

Il y a quelque temps, il passait tout son temps à trouver des moyens de gérer le scénario catastrophe de la drogue contaminée par les opioïdes. C'est là qu'il a vécu la mort de centaines de personnes, dont quelques bons amis. Il y est resté plus longtemps qu'il n'aurait dû peut-être, et il a fini par "basculer".

Ne pouvant plus aller travailler, il a ensuite demandé une indemnisation sur le lieu de travail, ce qui l'a obligé à se soumettre à des procédures d'"évaluation" et à de longues discussions avec un certain nombre de psychologues. La semaine dernière, il a eu un dernier rendez-vous de suivi avec un nouveau psychologue. Et pendant cette période de confinement du COVID-19, il a supposé qu'il s'agirait d'une conversation virtuelle. Mais au lieu de cela, le psychologue lui a demandé de se rendre à son bureau. À son arrivée, mon ami a eu l'impression que le psychologue ne prenait pas forcément le coronavirus aussi au sérieux qu'il le pourrait.

Quoi qu'il en soit, après avoir passé un "test" composé de 350 questions, le psychologue l'a interrogé en utilisant le cadre standard des entretiens en cas de trouble de stress post-traumatique. Il n'a pas fallu longtemps à mon ami pour réaliser que le psychologue qui l'interrogeait n'incluait pas le contexte actuel du virus COVID-19. Voici une version fictive de l'entretien d'après ce que je me souviens de ce qu'il m'a dit :

Psychologue : Êtes-vous sorti de la maison au cours des trois dernières semaines.
Ami : Euh, non, je n'ai pas vraiment quitté la maison sauf pour faire des courses.
P : Et avez-vous parlé avec quelqu'un pendant que vous faisiez vos courses ?
A : Pas vraiment.
P : Avez-vous eu envie de rendre visite à vos amis ?
A : Depuis quand ?
P : Au cours du dernier mois, avez-vous eu envie de rendre visite à vos amis ?
A : Pour être franc, je n'ai pas vraiment pensé à rendre visite à des amis.
P : Des amis ont-ils voulu venir vous rendre visite au cours des trois dernières semaines ?
A : Pas que je sache.
P : Etes-vous triste qu'aucun de vos amis ne soit venu vous rendre visite ?
F : Triste ? Certainement pas.
P : Pensez-vous que vos amis ont l'impression que vous ne voulez pas qu'ils vous rendent visite ?
F : Oui, c'est exact.
P : Y a-t-il eu une époque où vous aviez plus de relations sociales que maintenant ?
F : Absolument !
P : Avez-vous remarqué des tendances compulsives ?
F : Comme quoi ?
P : Comme un besoin particulier de symétrie et d'ordre, ou une peur des microbes, ou le fait de se laver les mains souvent. Ce genre de choses.
F : Oui, j'ai remarqué que je me lavais beaucoup plus les mains.

Et l'interview s'est poursuivie. Ce qui est assez drôle, c'est qu'à la fin de la conversation, il s'est avéré que le psychologue ne pensait plus que mon ami souffrait de ce qui avait été décrit comme un trouble de stress post-traumatique.

Bavardage incessant (chitter-chatter) : les 8 pratiques conversationnelles des problèmes très efficaces

Cette période de confinement et de distanciation sociale a donné à beaucoup d'entre nous le temps de réfléchir et de revisiter des projets pour lesquels à l'époque nous ne pouvions que regretter ne pas avoir de temps à consacrer. Je me suis amusé avec une tonne d'activités différentes comme par exemple prendre le temps dans la journée de revenir sur quelques idées narratives, écrire un peu et pousser plus loin mes idées. Ce que vous allez lire ci-dessous est un peu brut et mal préparé et ressemble plus à de l'improvisation qu'à de la composition. Donc, s'il vous plaît, lisez à vos propres risques et périls.

Mon intention première pour cette lettre d'information était de m'amuser et de trouver un moyen de prolonger mes découvertes des écrits de Michel Foucault sur le pouvoir/la connaissance, la subjectivation, les discours culturels internalisés et l'auto-surveillance, sous la forme d'opinions et d'interprétations plus concrètes pour la pratique quotidienne de la thérapie narrative. La question sur laquelle j'aimerais me concentrer est la suivante : comment les conversations culturelles internalisées finissent par soutenir les pratiques particulièrement efficaces des problèmes.

Un peu de contexte : ma fascination pour le fonctionnement propre aux pratiques conversationnelles internalisées des problèmes a commencé à la fin des années 1990 avec les femmes avec lesquelles je travaillais dans le centre psychiatrique d'un hôpital pour adultes souffrant de troubles alimentaires. Situer la "voix" du problème a toujours fait partie de mon travail ; cependant, le contexte Anti-anorexie a donné une couleur très vice à la pratique.

À un certain moment de ce travail, j'ai commencé à me rendre compte que les femmes du centre utilisaient des descriptions d'un langage habituel internalisé punitif d'anorexie et de boulimie qui semblait presque identique à ce que les femmes décrivaient dans d'autres endroits du monde. Il semblait y avoir un "langage international" internalisé commun de l'anorexie.